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l'Histoire de l'Horloge de cheminée en Faïence
Si entre les deux guerres, vous visitiez une maisonnette en Belgique ou
dans le Nord de la France, vous y rencontriez immanquablement, trônant avec
importance sur la cheminée, une superbe horloge en faïence entourée de
ses deux à-côtés.
Ce fut en effet une mode incontournable, qui donna le jour à des dizaines
de millions de garnitures de cheminée pleines de fantaisie, aux formes et aux
décors extraordinairement variés. Elle doit son origine au développement
de l'industrie mécanique.
Effectivement jusqu'au milieu du XIXème siècle, l'horloge
était un objet cher : son mouvement était fabriqué
artisanalement. La possession du temps était donc réservée l'élite. Puis
vers 1850, des mouvements commencèrent à être produits industriellement
en Forêt Noire et devinrent plus accessibles. Mais c'est au début du XXème siècle qu'ils
devinrent réellement peu coûteux.
La faïence était le matériau "plastique" décoratif bon
marché de l'époque : elle fut tout naturellement choisie dans les régions
faïencières pour habiller ces mouvements, de façon à rendre l'heure
esthétique et accessible à tous les budgets. Ainsi dans les années vingt,
toute une industrie de l'horloge en faïence prit son essor en Belgique et
dans le Nord de la France. C'était le plus souvent des garnitures de
cheminée, l'horloge étant complétée par deux à-côtés : vases,
bougeoirs, coupelles ou cassolettes. Entre les deux guerres, on en trouvait
dans toutes les chaumières de ces régions : c'était non seulement un
précieux objet utilitaire, c'était surtout le bel objet de la maison,
campé fièrement au-dessus de l'âtre, au centre des regards.
Pour satisfaire au goût sans préjugé de leur nouvelle clientèle, les
faïenciers furent très créatifs et débordèrent d'imagination. Les
formes de l'horloge rappellent parfois celles des pendules bourgeoises
en marbre ou en bronze; certaines horloges comportent des animaux ou des personnages
en "ronde bosse" ; d'autres font allusion à l'architecture Art Déco ou aux
temples grecs.
Les décors eux aussi sont infiniment variés, souvent très colorés,
parfois extravagants. Certains imitent le marbre ou la pierre, d'autres font
référence aux styles décoratifs de l'époque, aux porcelaines chinoises
ou hollandaises, à des tableaux classiques ou à la peinture moderniste
d'avant-garde. Souvent les décors se marient à la forme et comportent des
décalcomanies ou des dessins au pochoir créés spécifiquement. Les
à-côtés reprennent les thèmes, les formes et les décors des horloges,
rehaussant ainsi l'esthétique de l'ensemble.
Plusieurs faïenceries se spécialisèrent dans ces garnitures de
cheminées. Parmi les plus productives, on trouve quatre fabriques du Borinage (région charbonnière près
de Mons, au sud de la Belgique) : la faïencerie de Thulin,
celle de Jemappes, et surtout les faïenceries "Auguste Mouzin et Cie"
et "La Majolique" à Wasmuël. En France,
citons la faïencerie Berlot et Mussier à Vierzon et celle de Somain dans le Nord.
Enfin plusieurs fabriques tchèques, dont la faïencerie BIHL et trois faïenceries non encore identifiées, ainsi que
quelques faïenceries allemandes, créèrent des horloges pour l'exportation
vers la Belgique et le Nord de la France.
Après la 2ème guerre mondiale, la mode de l'horloge de cheminée en
faïence périclita. Avec l'amélioration des salaires et l'avènement de la
société de consommation, d'autres biens envahirent les marchés. Parmi
ceux-ci, les montres-bracelets, dont les prix étaient devenus abordables,
banalisèrent la possession du temps. Après la guerre, on produisit surtout
des horloges mineures, de moindre qualité, destinées à être reléguées
dans les cuisines ou dans les chambres ; ou alors, des pièces chamarrées,
sans à-côté, vendues surtout dans les pays pauvres où le soleil brille
(Sud de l'Italie, Maghreb, ...).
Cette perte de marché, ainsi que l'augmentation rapide des coûts de la
main-d'œuvre, entraînèrent petit à petit les faïenceries à la
faillite. Aujourd'hui, il ne reste plus qu'une faible production, à
l'étranger, destinée essentiellement aux pays du tiers monde.
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l'Horloge Belge
Les deux faïenceries qui entre les deux guerres ont véritablement
dominé le marché de l'horloge de cheminée en faïence se trouvaient dans un même
petit village du Borinage: Wasmuël (aujourd'hui rattaché à la commune de
Quaregnon).
La première, nommée d'abord "Auguste Mouzin et Cie" (AMC)
puis "la Faïencerie de Wasmuël", fonctionna de 1878 à 1951.
Elle produisit surtout des grandes pièces ornementales et des objets de
fantaisie de belle qualité. Pour générer des revenus plus stables, elle
se diversifia vers 1920 dans la fabrication massive de garnitures de
cheminées : plus d'une centaine de modèles aux multiples décors
constituaient le bas de gamme de leur production.
Par contre la seconde, "la Majolique Wasmuël" (1904-1960), a
surtout produit de la faïence commune: les horloges de cheminée constituaient plutôt
leur haut de gamme. Elle en a également produit une centaine de modèles
dans de nombreux décors, souvent en deux ou trois dimensions.
Malgré la prépondérance des deux faïenceries de Wasmuël, d'autres
faïenceries boraines se sont également imposées sur le marché belge.
Parmi celles-ci, la faïencerie de Thulin (1863-1971) développa le
créneau des décors "flammés", dit aussi "coulées" : une soixantaine de modèles d'horloges
de cheminée dont les
décors étaient obtenus en faisant couler l'un sur l'autre des émaux de
différentes couleurs.
La faïencerie TERRA à Jemappes (1915-1966) fut également très
productive: une cinquantaine de modèles, décorés avec toutes sortes de
techniques.
Plusieurs autres faïenceries boraines eurent à cette époque une petite
production d'horloges de cheminée :
- la faïencerie Antoine Dubois (ou Bergen) à Mons (1920-1950) a
produit une vingtaine de modèles, dans de nombreux décors.
- une faïencerie à Tertre a produit une quinzaine de modèles, souvent
en "coulées" brunes et blanches
- la célèbre faïencerie de Nimy (1789-1951) a créé au moins 7
modèles
- la faïencerie familiale Wilfried Collart à Baudour (1936-1956) a
produit quelques modèles, tous peints à la main par la fille du
fondateur
- la petite faïencerie Lebrun à Quaregnon (1936-1940) a créé une
dizaine de modèles d'horloges
- la grande faïencerie Boch Keramis à La Louvière (Centre) n'a quant
à elle produit que quelques modèles
- enfin, plusieurs faïenceries qui ne sont pas encore identifiées ont
produit quelques horloges.
Des poteries flamandes (à Torhout, Kortrijk, Brugge, ...) ont aussi
produit quelques modèles, décorés généralement avec une technique de
"coulées" similaire à celle de Thulin.
Citons finalement les horloges Minerva : imposantes, elles furent
vraisemblablement commanditées par un importateur belge de mouvements
d'horloges.
Après-guerre, la production d'horloge diminua fortement dans ces
faïenceries. Une fabrique prît cependant la relève : la faïencerie
Hubert Bequet à Quaregnon (1942-1974), qui produisit en grande série une
vingtaine de modèles.
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l'Horloge Française
Plus que la Belgique, la France a su vulgariser le style Art Déco. Cela
influença fortement ses horloges de cheminée en faïence de l'entre-deux-guerres :
beaucoup d'entre elles sont très stylisées et s'ornent abondamment des
poncifs décoratifs de cette époque.
La fabrique française ayant produit le plus d'horloges est
incontestablement la faïencerie Berlot-Mussier à Vierzon, près de Limoges.
Fondée en 1927 par M. Berlot et son gendre M. Mussier, elle a produit près de cent modèles d'horloges
durant l'entre-deux-guerres, fortement empreinte d'art Déco, généralement
signées ODYV en creux. Après la deuxième guerre, elle a
encore produit environ 35 modèles, plus modestes, destinés surtout aux marchés
méditerranéens, qui portaient parfois une étiquette métallique BM. Avec
l'augmentation des coûts de la main d'œuvre, la faïencerie déclinera dans
les années soixante et ferma ses portes en 1975. Les horloges Berlot-Mussier sont
généralement de couleur unie et souvent richement
rehaussées de dorures ou d'argentures. Cette faïencerie est également
connue pour sa production de beaux vases art déco, d'animaux en craquelé et de postures en ronde
bosse.
A Vierzon également, la faïencerie Louis Gueule, moins connue et
probablement plus petite, a aussi produit une dizaine d'horloges de cheminée
en faïence durant l'entre-deux-guerres, marquées en creux LG, Elgé ou avec
un papillon aux ailes déployées. Après la guerre, elle produisit encore une
douzaine de modèles d'horloges, généralement blanches et dorées, portant la
signature Rozay en creux sur la tranche avant.
Un autre producteur spécialisé fut la Manufacture de Céramiques et
Verreries d'art de Somain (Nord): fondée en 1925 par deux transfuges la
faïencerie voisine Dransart, Messieurs Jacobs et Tranchant, elle produisit
plus d'une vingtaine de modèles d'horloges avant d'être détruite par la
Luftwaffe le 18 mai 1940. Leur style se rapproche plus des horloges belges;
beaucoup sont décorées au pinceau et parfois portent la signature
"Théo" de M. Tranchant.
Quelques faïenceries plus importantes ont également pénétré le
marché de l'horloge e cheminée en faïence. Par exemple, la faïencerie lorraine de
Sarreguemines, fondée en 1790, a produit une trentaine de modèles.
Plusieurs faïenceries du Nord en ont produit une dizaine: Fives-Lille,
Saint-Amand, Moulin des Loups, Onnaing et Orchies. Beaucoup de faïenceries
n'ont produit que quelques modèles: Saint-Clément, Vallauris, Longwy,
Quimper, Desvres...
Enfin, citons une faïencerie non identifiée (inventaire
"S?1") qui a produit une vingtaine de modèles, difficiles à
distinguer de ceux de Somain.
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l'Horloge Tchèque
La partie tchèque de la Tchécoslovaquie était depuis longtemps un gros
producteur de faïence et porcelaine d'excellente qualité. Profitant
d'accords douaniers conclus en 1930, elle a
su exploiter la mode de l'horloge de cheminée en faïence : dans les années trente, elle
a envahi les
marchés belges et français avec des pièces finement décorées
au pochoir créées spécialement pour l'exportation.
La seule faïencerie tchèque que nous ayons identifiée à ce jour est
la Fabrique de Porcelaines et de Faïences G. BIHL & CO AG à Ladowitz (en
Allemand: Ledvice), en Bohème, qui débuta vers 1900 et ferma en 1939 ou 1940. Elle a produit une soixantaine de modèles, parmi
lesquels une vingtaine de "scènes", horloge rectangulaire
surmontée d'animaux en ronde bosse.
La production de trois autres faïenceries non identifiées présente de telles
similitudes avec celle de BIHL que nous les croyons tchèques : une
faïencerie inventoriée "ppp", qui a produit également plus d'une
soixantaine de modèles d'horloges de cheminée, dans de nombreux décors au pochoir;
une faïencerie inventoriée "St", qui en a produit une
quarantaine ; et une faïencerie inventoriée "Names", qui en a
produit une quinzaine.
Le Clockarium poursuit ses recherches en vue
d'identifier les faïenceries qui
restent inconnues.
Si vous aviez des renseignements pouvant y contribuer, contactez notre conservateur,
nous vous en serons reconnaissants.
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